Citations choisies parmi mes auteurs favoris au cours des années :
Les fermes qu’on rencontre sont sans apparat, ont l’air modeste, mais c’est le royaume d’Épicure. Aucun nabab ne mange nourriture plus noble et plus saine que celle de ces gens. Ils vivent presque en économie fermée, ils produisent tout ce qui vient sur leur table, et tout ce qui vient sur leur table est d’une exquise fraîcheur. Ils sont savants en art de vivre. Ils font leur bonheur de petits détails très soignés ; ce sont des aristocrates jusqu’au bout des ongles. Leurs richesses sont solides et naturelles : elles ne se chiffrent pas en francs. Les troupeaux sont minuscules ; les champs à la mesure humaine sont encore cultivés à la main, leur situation d’ailleurs, parfois en terrasses, ne permet pas l’utilisation des moyens mécaniques. Tous ces paysans exercent leur métier avec une science qui se transmet et se perfectionne de génération en génération, et ils sont également habiles au travail et au loisir. |
Dans ce jardin, on diversifie à l’extrême, on mélange, on associe, on recherche la juste place de l’herbe sauvage : elle ne veut pas être chassée d’un jardin libre, d’un sol vivant. Ce jardin est tout ensemble forêt, prairie, marais, talus, potager, rocaille, verger, vieillesse, enfance. Celui qui s’en occupe en est un élément à la fois directeur et dirigé, non le maître. |
La vision des Alpilles, où l'homme est omniprésent, me confond d'admiration. La plus petite plantation, le dessin du sillon, la courbe d'un chemin rural, le mur de pierres sèches sont le résultat d'un geste, d'une réflexion en harmonie avec les lieux. |
L’art de Provence, en ses meilleures manifestations, est toujours un peu un art de paysans. Il n’oublie jamais la terre dont il procède et les plus belles œuvres, écloses même dans les cités, ont toujours cet air raffiné et rustique qui fait la noblesse de nos campagnes. |
L’amandier, c’est ce bel arbre qui, après les buis, offre aux abeilles leur deuxième floraison. Chez nous, en Haute-Provence, il commence à fleurir fin février. Il illumine alors la campagne de ses bouquets blancs ou roses. |
La vision des Alpilles, où l'homme est omniprésent, me confond d'admiration. La plus petite plantation, le dessin du sillon, la courbe d'un chemin rural, le mur de pierres sèches sont le résultat d'un geste, d'une réflexion en harmonie avec les lieux. |
Un jardin, c’est d’abord un jardinier : un rapport obligé de l’Homme à la nature. |
Quatre citations attribuées à Paul Cézanne : |
Les nouveaux venus en Provence ont des faiblesses pour le mistral. Ils trouvent ce vent sec et frais tonique, sportif, sain, jovial. Ils apprécient qu’il chasse les nuages et les miasmes chargés de moustiques, venus des marécages de Camargue, et nettoie le ciel qu’il fait briller de soleil, comme un grand plat de cuivre durement frotté. Le temps de mistral, un mauvais temps ? Allons donc ! comment le mauvais temps pourrait-il être ensoleillé ? Pour les gens du Nord, qui dit mauvais temps dit nuages et pluie. Ce n’est pas ainsi que l’entendent les Provençaux… |
Un jardinier est un homme d’avenir, |
Le Tiers-Payage – fragment indécidé du Jardin planétaire – désigne la somme des espaces où l’homme abandonne l’évolution du paysage à la seule nature. Il concerne les délaissés urbains ou ruraux, les espaces de transition, les friches, marais, landes, tourbières, mais aussi les bords de route, rives, talus de voies ferrées, etc. À l’ensemble des délaissés viennent s’ajouter les territoires en réserve. Réserves de fait : lieux inaccessibles, sommets de montagne, lieux incultes, déserts ; réserves institutionnelles : parcs nationaux, parcs régionaux, “réserves naturelles”. |
Nous sommes en février ; il fait bon et tout à l’heure il fera froid ; |
… le paysage est d’abord une construction végétale dominée par certaines plantes plus ou moins directement favorisées par l’action humaine, et la “nature” un compromis plus ou moins durable entre l’élan de reconquête permanent de la flore et la demande, tantôt gestion, plus souvent prédation, la surprésence et le recul, l’attention et l’inconséquence des sociétés. Comme en beaucoup d’autres lieux du monde, le paysage végétal de la région méditerranéenne s’accomplit en une succession de phases qui vont ici de la pelouse de plantes herbacées et sous-arbustives à la forêt en passant par des stades de landes et de maquis. |
On va dans les étoiles et on ne sait toujours pas ce qui se passe sur les talus en face de chez soi. |
Le mistral : les Provençaux disent que tu fais trop de mal pour qu’on dise du bien de toi, et trop de bien pour qu’on ose en dire du mal ! |
… voilà ce que je veux dire : tu as parlé de l’orage. Si on avait fait du blé de notre race, du blé habitué à la fantaisie de notre terre et de notre saison, il aurait peut-être résisté. Tu sais, l’orage couche le blé ; bon, une fois. Faut pas croire que la plante ça raisonne pas. Ça se dit : bon, on va se renforcer, et petit à petit, ça se durcit la tige et ça tient debout à la fin, malgré les orages. Ça s’est mis au pas. Mais, si tu vas chercher des choses de l’autre côté de la Terre, mais si tu écoutes ces beaux messieurs avec les livres : “Mettez de ci, mettez de ça : ah ! ne faites pas ça.” Et galère, voilà ce qui t’arrive ! |
Le jardin n’a pas pour obligation absolue de se substituer indéfiniment à la nature. À terme, c’est elle qui en décidera. Qu’elle peine à reprendre ses droits, comme dans le Midi sec, et le jardin retrouvera sa pleine vocation écologique et paysagère. Qu’elle soit au contraire pressée de revenir, et le jardin aura été une simple virgule dans la phrase. |